
LE PETIT GARÇON ET NOËL…
-Je sais que Noël s’en vient…
Depuis quelques jours,j’ai peine à dormir…
Dans le parc où je trouve refuge la nuit…
On a tout illuminé, tout décoré, tout animé…
C’est vrai que c’est beau,
Mais c’est éclairé toute la nuit.
-En cette veille de Noël…
Même les décorations se sentent un peu seules…
Il n’y a personnes pour grouiller autour.
Je sursaute quand la dame s’approche de moi…
-Je ne l’ai pas vu venir…
Je ne la reconnais pas…
Sous son manteau entrouvert…
Je la vois vêtue jusqu’au cou…
Et habillé d’une longue jupe…

-Elle est si belle…
Comme une fée…
Je la reconnais maintenant…
C’est une des putes de la rue St-Laurent…
-Elle est encore plus belle…
Que quand elle dénude ses charmes
Pour attirer sa clientèle…
-Belle et douce…
Elle dépose un baiser sur ma joue…
Et recouvre mes épaules d’une couverture….

"En cette veille de Noël…
Tu pourras te réchauffer un peu mon petit…"
-Elle m’a laissé un trésor…
Et plutôt que de l’encens,
Elle m’a laissé son parfum…
Son odeur humaine.
-Elle est déjà repartie.
Je n’ai pas su lui dire merci.
Ce n’est pas que mon corps qu’elle a réchauffé…
Mais mon coeur surtout.
-Je me lève de mon banc…
Je commence à déambuler…
Comme je le fais souvent la nuit…
Quand je ne trouve pas le sommeil…
Ou qu’il fait trop froid…

-Le jour…
Je ne peux contempler les vitrines de ces beaux magasins…
On ne tolère pas que j’y traine…
Je suis trop crasseux…
-Quand on me chasse…
Je passe par les ruelles…
Alors qu’on ne se préoccupe même pas des rats
qui y grouillent…
C’est à peine si on tolère que je fouille leurs poubelles pour trouver à manger…
-Dans ces belles vitrines toutes décorées…
J’y vois de si beaux vêtements…
Et de si beaux jouets….
Je n’envie pas ces étrennes…
Plutôt les bras qui les tendent….
-Je sais que toute cette féérie n’est pas pour moi…
Ce n’est pas que je suis triste…
Juste un peu plus sensible…
Je ne dois pas avoir le droit de faire un vœu…
-Si je le pouvais…
Je souhaiterais que tous les enfants malades…
Puissent guérir et retrouver les siens…
Ils pourraient retrouver leur chez soi….
Je trouve triste…
Qu’ils soient emprisonnés dans ces hôpitaux….
Moi au moins…
Si j’avais quelque part où aller…
J’aurais la liberté d’y aller…
-Il fait doux et je n’ai pas froid.
Pourtant je serre très fort ma couverture…
C’est ce que j’ai de plus humain à serrer dans mes bras…
Je ne vous tend pas mes petits bras crasseux…
Je pense que pour terminer,
la formule de mise est de vous souhaiter…
De joyeuses fêtes…
xxx
Kleaude
Décembre 2005
